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vendredi, juillet 17, 2009

Instantané

N.B. Ce texte a été rédigé en avril 2009, en pleine épreuve d'agrégation d'histoire, c'est vous dire à quel point j'étais concentré. Un genre sur le vif, quasi-journalistique, que je n'avais encore jamais pratiqué mais qui s'avère particulièrement intéressant et stimulant. Compte tenu de ce qui est arrivé depuis, il est amusant de faire partager cet essai avec ces doutes, ces peurs du moment où l'avenir était encore flou et menaçant.


Silence palpable, entrecoupé de toussotements, grincements de chaises, bruissements de feuilles. Mais ces feuilles-là ne poussent pas sur les arbres, elles SONT l'arbre, if you know what I mean. Les crayons volent sur les brouillons bleus, en attendant de pouvoir remplir les grandes pages blanches. Les mines sont concentrées pour la plupart, tendues vers un effort intellectuel de haute volée.

7 heures, pensez-vous, et sur 4 jours, ça se gère ! On se prend la tête entre les mains, on regarde dans le vide pour tenter de rattraper cette inspiration qui vous fuit sans cesse. Ah la salope, la garce ! Et certains l'appellent une muse... Une pu-te, j'te dis !

D'autres candidats (oui, ce ne sont pas des personnes lambda et anonymes, mais des CANDIDATS avec un petit numéro à eux et une place attribuée), d'autres donc semblent un peu moins inspirés ; à leur air perdu, on se demande s'ils savent bien eux-mêmes ce qu'ils font là. Est-il besoin de préciser que c'est actuellement le cas de votre serviteur ?!

Pas de grande horloge murale au-dessus du tableau, pour voir s'égréner une à une les minutes filantes, au son implacable et chronomètre du tic-tac (rangeurs du Risk). "L'épreuve débute à... 9h16 ; elle se terminera pour vous à 16h16. Vous ne pourrez sortir qu'au bout de deux heures et demie". La sentence tombe, elle sera appliquée. La chanceuse !


Je m'étais pourtant réveillé à 7H30, fidèle à cette volonté-leitmotiv qui ne me quittait pas depuis la fin du CAPES : je passerai l'agrég. Non, ma préparation n'a pas été ce qu'elle aurait dû être. Oui, je me suis concentré avant tout sur mon capes, le court terme (travailler et bouffer) prenant le pas sur les projets d'avenir (prof de fac ? Thésard ? Chercheur ?). Oui, je me dis qu'avec un peu de chance, j'aurai mon concours du premier coup et je pourrai me concentrer uniquement sur l'agrég pendant la saison 2009-2010. Mais qui ne tente rien n'a rien : tu t'es inscrit, ça ne te coûte rien d'essayer.

ERREUR : c'est mal me connaître, et quelquefois j'ai l'impression que c'est mon cas. Je ne me connais pas ; du moins, je ne connais pas toutes mes limites.


[...] 10h15 : encore une heure et demie à attendre ! Les choses semblent se faire, le plan se construit, idée après idée. Intro, conclu et on passe à la rédaction au propre, le produit fini. Le jugement, la note, la sentence, on n'y pense pas dans ces moments-là. Ce qu'on veut, c'est arriver au bout de cette putain de dissertation avant que ne retentisse le gong final. Bon, c'est pas un gong, c'est une vieille qui vous gueule : "Terminé, posez les crayons !" Ne vous imaginez pas la Boule en train de fracasser hardiment son gong, le marcel bleu et le crâne luisant.


[...] Je me dis que je dois vraiment être le dernier des cons pour ne pas tenter ma chance à fond. D'un autre côté, à quoi bon tenter de grimper l'Everest si on arrive en tongs et moule-bite ? Je n'ai ni les connaissances, ni la motivation nécessaire pour grimper cet Everest. Je suis un type qui fonctionne à la pression : mettez-moi une carotte sous le nez et le fouet aux fesses, et je vous pondrai une copie de treize pages, bien écrite les doigts dans le nez. Envoyez-moi passer l'agrég avec Zéro pression "juste pour voir" et forcément, je vais rien foutre. Pas la motivation...

Ma voisine de gauche a l'air aussi emballé que moi par le sujet. A ce que j'ai entendu dire, elle aussi venait là sans pression, "juste pour voir". On se sent moins seul et moins con, du coup. Quoique... Elle au moins s'est donnée la peine d'écrire quelques trucs au brouillon, moi rien ! Je ne suis désespérément pas un battant, je baisse les bras beaucoup trop vite. Il faudra travailler ça à l'avenir, mon petit...
Ou alors je suis un battant, mais feignasse. Partisans du moindre effort, rejoignez-moi !
10h35 : "c'est horrible comme c'est long !" (Clara M. devant Rocco S. nu). Il fait si beau dehors : soleil radieux, ciel dégagé. Comme ce bleu est envoûtant lorsqu'on est enfermé dans une salle d'examen. C'est pas humains, se dire qu'on va y passer quatre jours et voir les autres bronzer dehors. L'appel a été trop fort, je n'ai su y résister. Et demain, paf ! il va pleuvoir...
[...] C'est marrant, je m'en veux. J'aurais dû faire plus cette année ; mais est-ce que j'aurais pu ? J'aurais dû lire plus de livres, faire plus de fiches, de cartes, de plans, ne pas négliger l'agrég. C'est facile à dire après coup mais quand on y est, ce n'est pas la même chanson. Et puis, les regrets, c'est sûrement l'invention la plus perfide du cerveau humain pour nous pourrir la vie. ça s'est passé comme ça, point barre !
Maintenant, faut regarder vers l'avenir : préparation de l'oral du CAPES, jobs d'été, et re-CAPES l'année prochaine (sic). Oui, regarder devant soi ne rime pas forcément avec optimisme.

3 commentaires:

Yohann a dit…

Mmmh, ouiii... Il y a du potentiel. (Clara M. devant Mr K.)

Intéressant, ce texte-là. Faut en tenter d'autres dans la même veine. Peu importe le sujet, ça doit être expérimental ! C'est ce que je fais sur le mien, ce n'est quasiment que du premier jet.

Je n'ai toujours pas commencer ce damné projet à quatre mains, j'ai quatre dossiers (inscription IUT, bourse, coloc', CAF) à faire et ça me broute du temps (et pas seulement) ! Par contre j'ai une bonne nouvelle, je reste jusqu'à la fête de Pierre le 15 août ! Youpi !!!

Gauvain a dit…

sauf que j'ai une (petite) mauvaise nouvelle : Pierre a annulé sa fête du 15 août, pas assez de gens dispos !!
Mais c'est pas grave, reste quand même !
Au fait, tu viens chez Matt ce soir ?

Prince de Dité a dit…

Pas mal ce texte expérimental...