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dimanche, janvier 31, 2010

Cahiers d'Oxford (bis)

9e jour : lundi 25 janvier

What’s up, guys ? Haven’t talked to you for a while ! Là, je me la pète grave, genre je suis devenu bilingue en une semaine.
On est loin de ce résultat, mais l’amélioration est néanmoins palpable : l’accent peut-être, le vocabulaire et la rapidité d’élocution sûrement, l’écoute sans aucun doute. A peine si je comprenais le baragouinage des radios en arrivant, aujourd’hui je peux comprendre ce qu’ils disent en n’écoutant que d’une oreille.
C’est dans ces moments, où l’on est totalement surrounded par la langue anglaise, que je me dis que cela va beaucoup me manquer quand je rentrerai en France.
Mais basta, que s’est-il passé cette semaine ? Découverte d’un système scolaire totalement différent du nôtre. L’élève est au centre de tout, l’enfant devrai-je dire, et le but principal de l’école est son achievement personnel et son plaisir en cours. Rien qu’à voir dans le programme de l’école, on peut lire la phrase : « Make them laugh » (sic). On les traiterait d’irresponsables à l’IUFM. Cela ne fiterait pas du tout avec la compétence n°1.
Les activités sont plus concrètes, l’élève est mis à contribution, valorisé, jamais rabaissé, poussé à réfléchir par lui-même (notamment en histoire) et à produire du savoir, sans simplement l’avaler tout cru.
Évidemment, le système a ses faiblesses, surtout au niveau de la discipline. Jeudi, jamais vu une classe aussi bordélique, avec des gamins qui se sautent dessus, qui s’assoient sur les tables et n’écoutent que dalle aux consignes de la prof. Bonne nouvelle, c’est à cette classe qu’on devra faire cours, et de géo en plus.
Ce week-end, Fanny est venue me rejoindre. J’en ai profité au maximum, sachant que je n’allais pas la revoir a vant trois semaines au moins. On a visité Oxford ensemble, et cette ville qui m’avait semblé si fade a tout de suite pris une couleur différente, et y a gagné une âme. Il suffit parfois de la bonne compagnie pour voir les choses sous un angle différent.

vendredi, janvier 29, 2010

Cahiers d'Oxford (suite)

2e jour, lundi 18 janvier :

Énervé toute, je suis. Réminiscence syntaxique d’une Bretagne qui m’a beaucoup manquée ce matin. Je suis colère, dirait Poelvoorde. Il faut dire qu’il y a de quoi : réunion de mise au point à 9h avec notre coordinatrice UK, Miss Davies. Une femme charmante et helpful, soit dit en passant. Mais les nouvelles me laissent plutôt un goût amer dans la bouche : pas de CRB pour bibi (il arrivera en retard dans la matinée) ; j’apprends que ceux de Loire-Atlantique (4 autres gusses de l’académie de Nantes qui partagent notre lot d’exilés volontaires) ne paient pas de loyer du campus en vertu d’un accord d’échanges estudiantins entre Loire et Oxford ; on apprend que l’école commence à 8h30 et que les petits-déj du campus, compris dans le tarif, commencent à la même heure. Bref, tout pour me plaire…

Généralement, les débuts de séjour sont toujours un peu merdiques : le temps de s’habituer aux décalages culturels, à notre nouveau domicile, à la langue, et aux tracasseries administratives en tout genre. C’est tout moi, aussi : rester fixé sur des petits détails agaçants, au lieu de prendre du recul pour profiter au maximum de la situation : je suis en Angleterre, merde ! J’en ai rêvé depuis des années, je vais pas laisser des conneries me gâcher mon plaisir. Surtout des trucs d’argent : je suis pas radin, mais je ne veux pas non plus lancer mon fric par toutes les porte-fenêtres, si vous me comprenez.

RDV avec notre mentor au collège Chenderit, à Banbury, 14h15. Comptez une bonne demi-heure de route pour y aller. Le budget essence, encore une autre légère tracasserie ! Mais la vue de l’école et la discussion avec Miss Woodfield me rassure et me met dans de bien meilleures conditions pour le reste de la journée. Charmante, accueillante, motivée et motivante : le programme d’observation pour la semaine s’annonce chargé mais ce que nous allons voir vaut sûrement la peine et peut, je l’espère, influencer à terme nos façons de faire nos cours au pays.

A partir de cet instant, tout semble déjà mieux rouler : tout comme moi sur la highway à trois voies. Conduire à gauche et doubler, peuh : fastoche. Je vais leur apprendre à conduire, aux rosbeefs. D’ailleurs, en parlant de conduite, je suis passé devant le site du Grand Prix F1 de Silverstone, de quoi faire saliver 2-3 copains-copains au pays. Retour au campus à 16h : un tour à la Library, histoire de zyeuter les bouquins, de lire un peu les journaux. Et il est déjà temps de manger : car ici, le repas du soir – lunch – n’est servi que jusqu’à 18h. Mon estomac va devoir s’habituer, mais le repas fut copieux et passablement bon, voire carrément bon. Au menu : salade de ma composition en entrée ; poulet/chorizo avec riz ; tarte meringue-citron et banane en dessert + cappucino. Le 1er vrai repas que je prends de l’autre côté de la Manche, ça vous requinque un homme.

Demain, les choses sérieuses commencent. Lever à 6h30 pour prendre la route, RDV à 8h au collège et 1re journée d’observation. Il va falloir se coucher tôt pour être en forme : une chose en plus à rajouter dans le « décalage culturel ».
P.S. : au retour de Banbury, le ciel était vraiment superbe et la lumière créait une atmosphère dorée et mystérieuse au-dessus des champs et des marais. Pas de doute : je suis bien au pays de Tolkien.

jeudi, janvier 28, 2010

Mes cahiers d’Oxford : journal de bord

1er jour, dimanche 17 janvier :

Le soleil se lève tranquillement sur la Manche. Moi, je suis coincé dans mon siège minable, encore engourdi d’une nuit passée à même la moquette d’un « salon » de Britanny Ferries. Par salon, comprenez plusieurs rangées de fauteils semi-inclinables, séparés du reste du bateau par une simple cloison, où nous sommes censés passer la nuit. Et dormir, je pense… D’un autre côté, je me demande sur qui ils ont bien pu tester les positions de ces sièges pour qu’ils osent les juger assez confortables.

Le soleil se lève, donc. C’est beau, intemporel, irréel presque ; et j’ai hyper mal au cou. Cette connerie de moquette, aussi… ! J’ai pourtant pensé à amener mon oreiller avec moi pendant le voyage, mais de là à me le trimballer tout le long de la traversée dans mes bras, faut pas me prendre pour une courge.

C’est la 1re fois de ma vie que je vais aussi loin en mer. Et c’est aussi la 1re fois de ma vie que je débarque en Angleterre. Je ne peux cacher qu’une certaine émotion m’enserre la poitrine, à l’instant où je zyeute par le hublot les falaises encore brumeusement lointaines de la perfide Albion. Depuis le temps que je rêvais d’y aller, voilà. Il m’aura simplement suffi d’un oral-test de 20 minutes en anglais, de cocasseries administratives en tout genre et d’une bonne dose de ténacité pour y arriver. A la portée du premier gus venu, pour résumer l’idée.

Débarquement, sortie de la Titine et premier choc : conduire à gauche. Plus simple que ça n’y paraît. Pas d’accident à déplorer pour le moment, en tout cas (au bout d’un jour, peut-on parler d’une constante ?). Je suis accompagné pendant ce mois en Angleterre par 4 collègues : une historienne-géographe de ma connaissance, 2 matheux et un prof de physique-chimie. Une bonne troupe, ma foi. Ils sont très sympathiques et heureux de faire partie de l’aventure. On aura largement le temps de mieux se connaître pendant ces 4 semaines.

Arrivée à Oxford, Harcourt Hill Campus. Le campus anglais dans toute sa splendeur. Comme vue des chambres, plusieurs terrains de foot et de rugby entourés de forêts et de champs. Des écureuils qui sautillent dans les jardins, pas plus étonnés de voir débarquer une armada de 5 jeunes Français un beau dimanche midi. Et quand je dis beau, ce n’est pas qu’une figure de style, usée jusqu’à la corde depuis la première fois qu’on l’a utilisée. Non, sans rire, les gars, il fait BEAU ! Un soleil éblouissant à défaut de réchauffer, mais un soleil, un vrai. Brest-Saint Malo : 2 heures et demi de flotte. Portsmouth, UK : sunshine above our heads. Un complot ? Une mauvaise presse ? Du foutage de gueule ? Profitons-en, jusqu’à peu, le sud anglais croulait sous des centimètres de neige, dont quelques traces informes ou vaguement bonhommesques s’accrochent encore le long des routes.

Remise des clés par un gentil réceptionniste qui, si on avait eu la polio, n’aurait je pense pas parlé plus lentement. Je lui ai dit qu’on était Français, le raccourci avec « bande de cons » a dû se faire assez rapidement dans sa tête. Oh ! la bonne surprise : loin d’être le cousin anglais de nos minables et honteuses cités U, qui n’ont pas à jalouser l’état de certaines prisons françaises, ces chambres s’avèrent bien mignonnes. La mienne est au rez-de-chaussée, à gauche en entrant. Vue sur le jardin devant la House 3. Un étage, une cuisine équipée, 2 chiottes, un bain-douche, que demande le peuple ? Cette maison me fait plus penser au premier abord à une colloc qu’à un couloir de chambres universitaires. Bien plus vivable que ce que j’avais craint.

Visite d’Oxford, dans l’après-midi : j’ai faim, je suis crevé, je suis donc… (indice chez vous, téléspectateurs), je suis, je suis… Râleur !!
Ah ouais, ah bravo ah ouais ah ouais. Que voulez-vous ? J’ai mûri sur de nombreux points, je pense être devenu une personne largement plus fréquentable qu’avant, mais j’ai mes talons d’Achille : en l’occurrence, le sommeil et la bouffe.
Hormis ces quelques désagréments, une ville bien sympathique de prime abord, hormis les places de parking plutôt rares. Des bâtiments historiques ou/et scellés du sceau du temps, le regard ne sait pas vraiment où se poser, tellement enivré par ces nouvelles richesses visuelles. Et pourtant, dans un sens, une impression de déjà-vu, ces mêmes magasins en enfilade, cette foule homogène dont aucune âme ne sort. Une ville d’Europe du Nord, en somme ! A fouiller, néanmoins. Oxford peut révéler son lot de surprises et de jolis petits coins, et nous avons un mois pour les découvrir.

Ce soir, bouffe à l’arrache mais petite soirée sympa et décontract. Et surtout, Very Bad Trip expérience. See you tomorrow…

dimanche, janvier 03, 2010

Petite pensée II

Alors que je me promenais nonchalamment sur une plage bénodetiste en compagnie d'une personne pulpeuse à la couleur de cheveux indéterminée (mais en cours d'analyse au laboratoire Plutron du Docteur Minus-Toulemont-Dessant), la susnommée me demande : "qu'y a-t-il derrière ce gros rocher ?". Et moi de lui répondre : "le gros rocher, mais vu de l'autre côté".
D'où cette pensée qui effleura mon esprit extatique en ce surlendemain de réveillon (bien arrosé et bien passé, pour une fois) : "il faut toujours aller voir de l'autre côté du gros rocher".
Explication pour les mous du slibard qui ne pigent que quand on leur a tout prémâché et vomi dans leur assiette : la tolérance et le respect de la différence ne peuvent s'épanouir que dans la pluralité des points de vue et le goût de savoir ce qu'on ne sait pas. Non à l'unilatéralité, à la pensée unique et aux phrases toutes faites comme : "autant aller là, je connais !"
2010 sera l'année de la découverte et du changement ou ne sera pas. Prochaine étape probable : RDV en Angleterre !