Le seul blog au monde où on ne parle pas politique, mode, sport, culture, musique... mais de MOI !!

vendredi, décembre 11, 2009

Petite pensée

" L'homme a besoin de savoirs pour savoir qu'il est homme"

Ou comment la culture, la pensée et l'abstraction sont nos plus belles armes pour nous dégager de nos instincts primaires. Je ne parle pas de nous couper de la nature, ce qui serait une abherration, mais bien de refouler en nous les aspects les plus grégaires et triviaux de nos personnalités.
Le savoir est la clé qui mène à la compréhension, et comprendre est le plus court chemin vers la liberté...

samedi, octobre 31, 2009

Vis ma vie... de jeune professeur stagiaire

8H17 : accompagné de mon équipe de tournage, je rentre dans un petit bourg paisible du nord Finistère, à la pointe d'une Bretagne chargée d'histoire, de mystères et d'alcooliques libidineux. La route a été longue depuis nos studios parisiens, particulièrement le tronçon après Rennes, ce que mon collaborateur a judicieusement appelé "la fin de la civilisation". Les derniers kilomètres, nous avons même du rouler à 50 km/h derrière un tracteur ! Jamais un truc qu'on verrait sur le Périph. ça pue le chou et le plouc, cet endroit. Et Lesneven ? C'est du français ? ça veut dire quoi ? "Village de dégénérés"?
8h25 : après nous être perdus un temps dans le "centre-ville" (devrais-je dire la place de l'église et les quatres bicoques en ruine qui la jouxtent), nous pénétrons sur le parking de la maison d'accueil où nous devons prendre contact avec notre victim...euh, notre passionné du jour, un jeune professeur stagiaire en histoire-géo, Kevin. Mais... non, en fait de maison d'accueil, c'est un ancien couvent restauré. Non, faut arrêter, là : on est au 21e siècle, à l'heure de la mondialisation, de la télé numérique pour tous, du téléchargement illégal, et ce mec vit dans un ancien mouroir à nonnes. C'est quoi ce pays d'arriérés ? J'aurais dû accepter le reportage en Auvergne, même si les habitants sont dangereux, surtout en groupe...!
8H30 : l'heure du rendez-vous ! Toujours personne...
9h (non) 10h : enfin quelqu'un ! bon, ça doit être lui. Tiens, il est pas aussi moche que j'aurais pu penser pour un breton. En fait, il est plutôt mignon (NDA : ce texte est totalement objectif !!). Il s'approche et nous parle dans un français quasi-compréhensible, si ce n'est un grossier accent qui fait passer les nordistes pour des gens raffinés :
"Bonjour, euh, désolé pour le retôrd, j'ai du môl à me lever tôt. Vous voulez un kôfé ?
- Un...? Je, pardon...?
- Un kôfé ? Une tasse de kôfé ?
- Ah, du CAfé !! Enfin, mon ami, faut articuler un peu mieux que cela. Non, sans façon, j'ai du mal avec la nourriture étrangère.
- Si vous voulez, nous rétorque-t-il d'un air que j'aurais pris pour moqueur, s'il ne s'était agi d'un de ces grands enfants bretons.
10H15 : les présentations sont faites, grâce à notre traducteur François Pichou (qui, soit dit en passant, en tient une bonne couche, la faute à 1/4 de sang léonard du côté maternel. Le pauvre, avec les nouveaux quotas raciaux que le ministère va pondre, il peut tirer une croix sur sa place à TF1). Le jeune prof semble de bonne humeur et piaffe littéralement de joie en admirant notre matériel d'enregistrement. Ah, les miracles de la technologie sur un esprit simple. Nous l'accompagnons ensuite sur son lieu de travail.
10h30 : aujourd'hui vendredi, Kevin n'a cours que l'après-midi mais il s'est gentiment proposé pour nous faire la visite de l'établissement et aussi "paske j'ai des photocopies à fère et le papier ça coute alors faut pô se gêner !".
Une première chose m'étonne à notre arrivée sur le parking du collège : il n'y a même pas de barbelés sur les grilles !
10h40 : Kevin paraît étonné (du moins, c'est ainsi que je comprends la grimace simiesque qui déforme son visage). Il n'y a personne, pas un chat ni un élève dans la cour. Qu'est-ce ? Sur la porte d'entrée de la salle des profs (mon dieu, cette odeur, c'est insoutenable...). Un seul mot : "Grève !"
J'entends mon équipe se retenir de pleurer de joie derrière moi. Nous n'aurons donc pas à passer une minute de plus dans cet enfer. Sans laisser le temps à notre interviewé de nous proposer une autre de ces mixtures maison, nous nous excusons et filons pleine balle vers la voie express, direction Rennes et la France !!!!!! Le retour au pays s'annonce époustouflant. J'ai déjà hâte d'embrasser mes deux enfants, j'ai eu si peur de ne jamais les revoir.

mercredi, août 05, 2009

De l'importance d'être bientôt en (vraies) vacances

Je trouve quand même ça classe, cette redondance dans la forme de mes titres, jusqu'au moment où je vais en être saoulé...
Me suis levé à 6h30 ce matin, et oui. Or, dans mon dictionnaire perso, lever aux aurores ne va pas avec vacances réussies (sauf quand t'es en camping, par exemple, que t'es encore en forme malgré la cuite de la veille et que tu décides, comme un con tout seul, de te lever tôt pour mater l'aube, sans savoir que 10 heures plus tard, tu vas le regretter avec un méchant coup de barre et un mal de crâne à t'en péter les tempes à coup de marteau !).
Je sors du Leclerc vers midi : oh putain, il fait beau, le choc ! et chaud avec ça ! Bon, ben plage, me suis-je dit dans l'innocence inattendue d'un marmot vacancier. Une heure et demie plus tard, je mate par ma fenêtre et les nuages sont revenus. Allez pas me dire, quand même, on se tape un été pourri bien de chez nous...

jeudi, juillet 30, 2009

De l'étrange sensation d'être bloqué quatre jours chez soi

Le Fléau, messieurs-dames, le Fléau est parmi nous ! Ou comment une simple rhino-pharyngite (excusez l'orthographe probablement incorrecte) contractée dans un temps de contamination virale mondiale hautement médiatisée pour faire peur à pépé et mémé dans leur canapé, vous amène à 3 jours d'arrêt de travail et à éviter de sortir pour ne pas contaminer les autres tant que vous toussez.
Alors, 2 constatations : - cette phrase était vraiment très longue et doit donc ne pas être lue à haute voix par un asthmatique ou un bègue.
- c'est un pur principe de précaution, le diagnostic n'assure pas à 100% que j'ai en effet la grippe "nom de code ne le dite pas pour ne pas affoler les voisins", mais mieux vaut éviter de propager les germes à tous vents. Surtout que je travaille en fruits et légumes, ça le fait moyen d'envoyer des postillons dans les brugnons et de se moucher toutes les cinq minutes, en continuant de triturer endives et autres courgettes, fixé par les yeux ronds et incrédules des clients soudainement inquiets et sentant que "ah tiens, oui ma gorge me pique" !
Enfin, c'est au moins quatre jours de repos complet aux frais du contribuable ; en fait, même pas, je ne suis pas payé en cas d'arrêt de travail ! Au programme donc : ordi, lecture, basse, DVD, le bon plan du parfait branleur...

jeudi, juillet 23, 2009

De l'importance d'être détendu

Ce n'est pas pour me la péter sec après coup, je ne suis pas de ce genre-là, ceux qui me connaissent vous le diront... Merci, c'est gentil, vous bousculez pas pour confirmer !

Bref, il est vrai que je suis rétrospectivement étonné du calme et de la relative sérénité dans laquelle j'ai abordé ce concours. Calme d'autant plus étonnant que je n'ai cessé d'être stressé tout au long de l'année, pendant les préparations et les cours. La faute au contexte extérieur, à ma stupide manie de toujours comparer mon travail et mon rythme à ceux des autres. J'ai beau pensé aujourd'hui que l'on ne m'y reprendra plus, je ne suis pas sûr de m'y tenir si l'occasion devait se représenter.
Les deux jours des écrits, aucun problème : j'avais plus d'appréhension à arriver à l'heure que pour le sujet. Pour les oraux, re-belote : pourtant, 2-3 jours avant de partir, je sentais la pression monter doucement mais sûrement, avant de me rendre compte que le voyage en train et métro était ma source principale de stress. Arrivé à Châlons, pfuit, plus rien.
Extraordinairement détendu, comme je l'ai déjà dit, surtout quand je me comparais aux autres impétrants. Limite à ne pas pouvoir finir leur assiette ou à dégobiller tripes et boyaux à deux minutes du passage. Puisqu'on en est là, abordons ce petit point litigieux : oui, j'émets des bruits intestinaux intempestifs avant les épreuves, c'est une manière comme une autre de décompresser. Au début, c'est assez gênant ; si les bruits persistent, je vous conseille d'afficher un air détendu voire de rigoler doucement pour montrer aux autres que vous assumez totalement le côté sombre de votre personnalité gastrique.
Ceci étant dit, nous parlions de...? Ah oui, la décontraction, essentiel. La nuit précédant la première épreuve (ESD, ce que je redoutais le plus - à tort), lorsque mes camarades m'avaient avoué qu'ils comptaient réviser encore un peu, moi je matais tranquillou 2 épisodes des "Soprano" sur mon ordi et les clips de feu M.J. sur Virgin 17. Studieux est un mot qui ne signifie pas grand'chose à mes délicates oreilles (vous ai-je déjà parlé de la fierté que j'éprouve envers mes oreilles ?). Le jour tant attendu arrive, je m'habille décontracté : pantalon Kanabeach noir, T-shirt blanc, à la Phil Coolos ! Put..., excuse my french, mais que n'avais-je pas fait ? J'ai eu pendant quelques minutes l'impression de m'être trompé de porte. Que des mecs en costard et des filles bien habillées (mais bon elles, on a l'habitude), on aurait dit une réunion matinale de VRP en tournée ou les obsèques de Nana Mouskouri. A côté, j'avais l'air d'un skateur en vacances dans la Drôme. J'exagère ? A peine...
Visiblement, mon style décontracté n'a pas perturbé plus que ça le jury, puisque j'ai eu mes meilleures notes les 2 jours où je me suis habillé comme ça. Comme quoi, deux mois avant, nos profs nous ont bassiné sur l'importance de la tenue, qui devait être le plus classique possible, pour prouver notre sérieux et professionnalisme. Tu parles : à force de voir des pingouins endimanchés défiler comme à l'abattoir, ça a dû les faire sourire de voir un mec pas trop coincé avec un minimum de pêche.
J'ai du faire halluciner les accompagnateurs : le premier jour, j'arrêtais pas de blaguer avec lui avant de passer ; elle me demande d'un air convenu : "pas trop stressé ?"
- Oh non, c'est tranquille ! De toute façon, je l'ai c'est génial, si je l'ai pas, la vie s'arrête pas là et y'a d'autres opportunités possibles !
- Ah ben vous au moins, vous vous laissez pas démonter !
- Oh, tant qu'ils me libèrent assez tôt pour voir l'enterrement de Michael Jackson à la télé (je rigolais !)
- Ah ah! évitez de leur dire ça, quand même, ça fait beauf ! (gla)
Finalement, le seul jour où j'ai laissé la pression m'envahir, je suis passé à deux doigts de la cata. Etrangement (tout est-il lié ?), je m'étais habillé plus strict (chemise, jean noir, chaussure de ville, veste) pour l'histoire. J'avais tellement les boules de tomber sur la contemporaine que j'ai été soulagé par le sujet tiré : "Le commerce maritime en Grèce antique". Rien de bien méchant. Penses-tu !
Impossible de trouver un plan qui me convenait, impossible de trouver les bons bouquins, découragement, baissage de bras, ras-le-bol. Bref, deux heures de perdues, un plan à l'arrache et un développement décousu. Là, je faisais plus mon malin : dix minutes avant de passer, j'ai sérieusement envisagé de partir. Je sentais la taule arriver, je pensais avoir été juste à l'écrit et la dernière épreuve, c'était la géo où j'ai jamais été foutu de produire quelque chose de correct. Mais cette fois-ci, j'ai tenu bon et j'ai bien fait !! Pas à cause de l'histoire, remarquez, une vraie cata pour une fois. L'épreuve que je pensais le mieux gérer est celle où je m'effondre.
Dernier jour, géo : à nouveau décontract, sans pression, de toute façon à ce moment-là, c'était quitte ou double. Rien à perdre, tout à gagner, mais je me voyais plutôt au fond du trou qu'à la surface. Sujet tiré (pas une carte, siou plaît ! pas la France, please ! pas nourrir les hommes non plus !) : la Russie. YYYEAAAAAAAAHHHHH !
Hum, pardon ! même le gars en face a dû voir mon sourire de contentement ; même si rien n'était gagné, j'avais évité la débâcle.
Et là, je ne pourrais pas vous expliquer vraiment ce qui s'est passé : instant de grâce, main de Dieu, inspiration inattendue, le pied intégral quoi ! Torché le sujet en deux heures pile avec la jolie carte et le plan en transparent. Puis l'oral : no problem, je sens le jury (très détendu et sympa au demeurant) satisfait, je me fends de 2-3 croquis en plus, je m'appuie vraiment sur les docs, je pense espace, région, paysage et voilà, c'est fait, j'ai passé mon concours. Je suis sorti totalement euphorique, content d'avoir donné le meilleur. Si je ne l'avais pas eu, j'aurais quand même été content, sans regret d'avoir fait ce que je pouvais. Et tout ça sans m'effondrer en larmes ou m'évanouir sous le poids du stress. Alors, Kevin, l'année de concours, dur hien, intense, beaucoup de travail ?
- Euh, ouais, ouais si tu le dis... Merde, j'ai dû louper un truc, là !
Je plaisante : c'était horrible, ne le faites pas ! de toute façon, dans deux ans, y'a plus de place...

samedi, juillet 18, 2009

Changement de statue

Alors, voilà, comme vous l'aurez compris, ces atermoiements d'étudiant dépressif, terminé. J'ai obtenu mon concours du CAPES ça va faire maintenant une semaine (déjà...). Même dans mes espoirs les plus poussés, j'y pensais à peine et sûrement pas à ce niveau. Trente-neuvième, j'ai encore un peu de mal à réaliser ; c'est gratifiant, ok, mais cela n'a rien à voir avec une quelconque valeur réelle ou une dose de travail particulière. La chance, l'état d'esprit du jury, la période de passage y sont pour beaucoup. Par contre, ce qui m'a laissé sans voix, ce sont mes notes en géo, écrit et oral.
Resituons le perso : ma meilleure moyenne de géo en licence doit tourner autour de (soyons large) 12. Je crois qu'en trois ans, je n'ai pas du piger un broque de ce qu'était ce fameux esprit géographique. Cette année, toujours pas mieux même si j'ai axé beaucoup de mon travail sur la géo : 9 et 9 aux deux écrits blancs, des oraux en demi-teinte, surtout le dernier où, vu la tête du correcteur, j'avais l'impression en sortant d'être une erreur de casting. L'oral juste avant, les commentaires étaient dithyrambiques (ouais, je l'ai placé !!) : "vous passez quand ? pas trop de souci à vous faire, vous êtes bien préparée ; non, c'était vraiment bien !" Après le mien, mine déconfite de J.-R. (rien qu'aux initiales, certains anciens de Quimper reconnaîtront le bonhomme, très gentil d'ailleurs) et ce laconique : "Attention, Kevin ! il va falloir modifier beaucoup de choses sinon vous allez avoir des problèmes !"
BAAAMM !! à une semaine de l'oral, ça calme. Mais passé la première déception, ça encourage aussi, à donner le meilleur, à leur prouver qu'on peut faire mieux.
Avoir fait mieux, c'est un euphémisme : 16 à l'écrit, 19 (!) à l'oral. Bon, évidemment, je suis tombé les deux fois sur la Russie, la question de géo que j'appréhendais le mieux, et c'est un concours donc les notes sont exagérées. Mais c'est toujours sympa pour la confiance.
Depuis une semaine, je ne suis plus étudiant : professeur stagiaire d'histoire-géographie. Mazette ! mais qu'est-ce que ça change concrètement dans ma vie ? Déjà, plus de révisions, plus de partiels, plus de notes. Maintenant, les notes, c'est moi qui vais les donner, ah ah ! Finie l'université, les fêtes étudiantes, les aprém à glander à la BU ou à jouer au Risk. Mais pas de mélancolie mal placée : c'était de belles années, mais celles qui viennent seront belles aussi, quoique différentes...
Concrètement, c'est aussi un salaire, une paye pas trop mauvaise tous les mois, donc un nouveau rapport à l'argent. Ces temps-ci, j'ai des envies de dépense : guitare électrique, I-Pod, Wii, platine, DVD, livres.... Je crois qu'un tri sélectif s'avérera nécessaire mais c'est bon d'y penser.
Concrètement, c'est aussi l'entrée dans le monde du travail, et dans le temps de crise que nous vivons, même si son ampleur doit être relativisée au regard de l'histoire proche, c'est plutôt un bien.
Je ne dis pas que tout est fixé et écrit : ce boulot va-t-il me plaire? Où serai-je envoyé l'année prochaine ? Quel appart' choisir pour m'installer ? L'avenir, moins flou, plus concret, reste encore une route serpentant sous les fûtaies sombres et basses des bois enchantés.
The road goes ever on and on, Down from the door where it began / Now far ahead the road has gone, And I must follow if I can...

vendredi, juillet 17, 2009

Instantané

N.B. Ce texte a été rédigé en avril 2009, en pleine épreuve d'agrégation d'histoire, c'est vous dire à quel point j'étais concentré. Un genre sur le vif, quasi-journalistique, que je n'avais encore jamais pratiqué mais qui s'avère particulièrement intéressant et stimulant. Compte tenu de ce qui est arrivé depuis, il est amusant de faire partager cet essai avec ces doutes, ces peurs du moment où l'avenir était encore flou et menaçant.


Silence palpable, entrecoupé de toussotements, grincements de chaises, bruissements de feuilles. Mais ces feuilles-là ne poussent pas sur les arbres, elles SONT l'arbre, if you know what I mean. Les crayons volent sur les brouillons bleus, en attendant de pouvoir remplir les grandes pages blanches. Les mines sont concentrées pour la plupart, tendues vers un effort intellectuel de haute volée.

7 heures, pensez-vous, et sur 4 jours, ça se gère ! On se prend la tête entre les mains, on regarde dans le vide pour tenter de rattraper cette inspiration qui vous fuit sans cesse. Ah la salope, la garce ! Et certains l'appellent une muse... Une pu-te, j'te dis !

D'autres candidats (oui, ce ne sont pas des personnes lambda et anonymes, mais des CANDIDATS avec un petit numéro à eux et une place attribuée), d'autres donc semblent un peu moins inspirés ; à leur air perdu, on se demande s'ils savent bien eux-mêmes ce qu'ils font là. Est-il besoin de préciser que c'est actuellement le cas de votre serviteur ?!

Pas de grande horloge murale au-dessus du tableau, pour voir s'égréner une à une les minutes filantes, au son implacable et chronomètre du tic-tac (rangeurs du Risk). "L'épreuve débute à... 9h16 ; elle se terminera pour vous à 16h16. Vous ne pourrez sortir qu'au bout de deux heures et demie". La sentence tombe, elle sera appliquée. La chanceuse !


Je m'étais pourtant réveillé à 7H30, fidèle à cette volonté-leitmotiv qui ne me quittait pas depuis la fin du CAPES : je passerai l'agrég. Non, ma préparation n'a pas été ce qu'elle aurait dû être. Oui, je me suis concentré avant tout sur mon capes, le court terme (travailler et bouffer) prenant le pas sur les projets d'avenir (prof de fac ? Thésard ? Chercheur ?). Oui, je me dis qu'avec un peu de chance, j'aurai mon concours du premier coup et je pourrai me concentrer uniquement sur l'agrég pendant la saison 2009-2010. Mais qui ne tente rien n'a rien : tu t'es inscrit, ça ne te coûte rien d'essayer.

ERREUR : c'est mal me connaître, et quelquefois j'ai l'impression que c'est mon cas. Je ne me connais pas ; du moins, je ne connais pas toutes mes limites.


[...] 10h15 : encore une heure et demie à attendre ! Les choses semblent se faire, le plan se construit, idée après idée. Intro, conclu et on passe à la rédaction au propre, le produit fini. Le jugement, la note, la sentence, on n'y pense pas dans ces moments-là. Ce qu'on veut, c'est arriver au bout de cette putain de dissertation avant que ne retentisse le gong final. Bon, c'est pas un gong, c'est une vieille qui vous gueule : "Terminé, posez les crayons !" Ne vous imaginez pas la Boule en train de fracasser hardiment son gong, le marcel bleu et le crâne luisant.


[...] Je me dis que je dois vraiment être le dernier des cons pour ne pas tenter ma chance à fond. D'un autre côté, à quoi bon tenter de grimper l'Everest si on arrive en tongs et moule-bite ? Je n'ai ni les connaissances, ni la motivation nécessaire pour grimper cet Everest. Je suis un type qui fonctionne à la pression : mettez-moi une carotte sous le nez et le fouet aux fesses, et je vous pondrai une copie de treize pages, bien écrite les doigts dans le nez. Envoyez-moi passer l'agrég avec Zéro pression "juste pour voir" et forcément, je vais rien foutre. Pas la motivation...

Ma voisine de gauche a l'air aussi emballé que moi par le sujet. A ce que j'ai entendu dire, elle aussi venait là sans pression, "juste pour voir". On se sent moins seul et moins con, du coup. Quoique... Elle au moins s'est donnée la peine d'écrire quelques trucs au brouillon, moi rien ! Je ne suis désespérément pas un battant, je baisse les bras beaucoup trop vite. Il faudra travailler ça à l'avenir, mon petit...
Ou alors je suis un battant, mais feignasse. Partisans du moindre effort, rejoignez-moi !
10h35 : "c'est horrible comme c'est long !" (Clara M. devant Rocco S. nu). Il fait si beau dehors : soleil radieux, ciel dégagé. Comme ce bleu est envoûtant lorsqu'on est enfermé dans une salle d'examen. C'est pas humains, se dire qu'on va y passer quatre jours et voir les autres bronzer dehors. L'appel a été trop fort, je n'ai su y résister. Et demain, paf ! il va pleuvoir...
[...] C'est marrant, je m'en veux. J'aurais dû faire plus cette année ; mais est-ce que j'aurais pu ? J'aurais dû lire plus de livres, faire plus de fiches, de cartes, de plans, ne pas négliger l'agrég. C'est facile à dire après coup mais quand on y est, ce n'est pas la même chanson. Et puis, les regrets, c'est sûrement l'invention la plus perfide du cerveau humain pour nous pourrir la vie. ça s'est passé comme ça, point barre !
Maintenant, faut regarder vers l'avenir : préparation de l'oral du CAPES, jobs d'été, et re-CAPES l'année prochaine (sic). Oui, regarder devant soi ne rime pas forcément avec optimisme.