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lundi, novembre 15, 2010

Texte ZR 2

Au pied de sa tour, Mickaël se compare à un insecte de la forêt amazonienne. Il rampe sans but entre les troncs des immeubles gigantesques, flèches de béton, supports de la voûte grise striée par les branches des paraboles. Comme en périphérie de sa conscience, il ressent l'agitation bourdonnante du sol bitumé de la forêt. Il s'en est accommodé, depuis le temps : d'abord, on a peur, déboussolé. Les antennes frisouillent, devant tant de stimuli. Une nuée d'autres insectes investit votre espace de survie, certains indifférents à votre simple existence, d'autres aux aguets. 

Et les prédateurs, toujours là, tapis dans l'ombre épaisse...

Heureusement, sa longue mue s'est achevée en une carapace assez dure pour qu'il s'y sente protégé 
(indifférent ?).

Passer....
Passer à côté.
Passer son tour.
Passer entre les gouttes.
Passer sous une échelle.
Passer sans voir. Sans être vu.                        Tel est le secret de la survie.

Brisé, le cocon originel. Quitté, repères rassurants : les voix de sa famille, les odeurs de cuisine au retour de l'école, la chaleur de l'oreiller un samedi de grasse matinée.
Il a voulu prendre son envol, quitter la protection du nid, mais la nuit l'a surpris en plein vol, trop tôt, la mue inachevée.
La fourmilière géante : il avait pensé y trouver un refuge, du moins la sûreté du nombre. Mais le nombre écrase, la foule étouffe, le pluriel anonymise. Perdu sous la mangrove des toits de pierre et des fils électriques, Mickaël continue son voyage sans joie. La route est longue pour un insecte...

lundi, novembre 08, 2010

Texte ZR 1

La folie est créatrice.

De la folie naît l'idée de dépassement, car la société pour tenir doit construire ses propres limites. Briser ces limites, ces dogmes c'est amener l'individu vers une autre vision que celle qu'on lui sert sur un plateau médiatique. Etre fou, c'est comprendre ces barrières sociétales et avoir le courage de les renverser.

Les murs font peur : ils divisent, ils soutiennent notre propre crainte de l'au-delà. D'ailleurs, la mort n'est que passer le mur - foncer droit dans le mur ? -.
On mure notre vie, on mure nos passions. On mûrit avant de mourir, et la dernière question qui fait jour dans notre cerveau emmuré : "Ai-je été voir de l'autre côté ?"

Celui qui vit vraiment gravit le mur, s'assoit à son sommet et contemple ce nouveau monde qui s'illumine à ses pieds. Alors, ceux qui le voient ainsi, assis sur ce mur, le visage éclairé et le regard perdu, crient aux autres : "Voyez le fou !"

Au Moyen-Âge, les murailles servaient à délimiter l'espace de la ville ; au-delà, les campagnes. En son sein, le savoir en construction d'un monde neuf ; à ses frontières, l'obscurité intemporelle d'un corps figé. L'opinion se fige, les tensions montent et élèvent le mur. Pour ceux de la ville, les paysans sont des crétins congénitaux arc-boutés sur des traditions se perdant dans la "nuit" des temps ; et quand on parle des gens de la ville au marché, on en fait de gros bourgeois pétant dans la soie, fermant leur porte par peur de la "'nuit".

Le mur est une nuit, séparant la lumière de deux jours. Nous fermons nos portes pour ne pas l'inviter en nous ; et nous oublions de rouvrir les volets quand renaît le soleil. La création est un volet rouvert.
La folie est un rai de soleil.