Le seul blog au monde où on ne parle pas politique, mode, sport, culture, musique... mais de MOI !!

lundi, novembre 15, 2010

Texte ZR 2

Au pied de sa tour, Mickaël se compare à un insecte de la forêt amazonienne. Il rampe sans but entre les troncs des immeubles gigantesques, flèches de béton, supports de la voûte grise striée par les branches des paraboles. Comme en périphérie de sa conscience, il ressent l'agitation bourdonnante du sol bitumé de la forêt. Il s'en est accommodé, depuis le temps : d'abord, on a peur, déboussolé. Les antennes frisouillent, devant tant de stimuli. Une nuée d'autres insectes investit votre espace de survie, certains indifférents à votre simple existence, d'autres aux aguets. 

Et les prédateurs, toujours là, tapis dans l'ombre épaisse...

Heureusement, sa longue mue s'est achevée en une carapace assez dure pour qu'il s'y sente protégé 
(indifférent ?).

Passer....
Passer à côté.
Passer son tour.
Passer entre les gouttes.
Passer sous une échelle.
Passer sans voir. Sans être vu.                        Tel est le secret de la survie.

Brisé, le cocon originel. Quitté, repères rassurants : les voix de sa famille, les odeurs de cuisine au retour de l'école, la chaleur de l'oreiller un samedi de grasse matinée.
Il a voulu prendre son envol, quitter la protection du nid, mais la nuit l'a surpris en plein vol, trop tôt, la mue inachevée.
La fourmilière géante : il avait pensé y trouver un refuge, du moins la sûreté du nombre. Mais le nombre écrase, la foule étouffe, le pluriel anonymise. Perdu sous la mangrove des toits de pierre et des fils électriques, Mickaël continue son voyage sans joie. La route est longue pour un insecte...

lundi, novembre 08, 2010

Texte ZR 1

La folie est créatrice.

De la folie naît l'idée de dépassement, car la société pour tenir doit construire ses propres limites. Briser ces limites, ces dogmes c'est amener l'individu vers une autre vision que celle qu'on lui sert sur un plateau médiatique. Etre fou, c'est comprendre ces barrières sociétales et avoir le courage de les renverser.

Les murs font peur : ils divisent, ils soutiennent notre propre crainte de l'au-delà. D'ailleurs, la mort n'est que passer le mur - foncer droit dans le mur ? -.
On mure notre vie, on mure nos passions. On mûrit avant de mourir, et la dernière question qui fait jour dans notre cerveau emmuré : "Ai-je été voir de l'autre côté ?"

Celui qui vit vraiment gravit le mur, s'assoit à son sommet et contemple ce nouveau monde qui s'illumine à ses pieds. Alors, ceux qui le voient ainsi, assis sur ce mur, le visage éclairé et le regard perdu, crient aux autres : "Voyez le fou !"

Au Moyen-Âge, les murailles servaient à délimiter l'espace de la ville ; au-delà, les campagnes. En son sein, le savoir en construction d'un monde neuf ; à ses frontières, l'obscurité intemporelle d'un corps figé. L'opinion se fige, les tensions montent et élèvent le mur. Pour ceux de la ville, les paysans sont des crétins congénitaux arc-boutés sur des traditions se perdant dans la "nuit" des temps ; et quand on parle des gens de la ville au marché, on en fait de gros bourgeois pétant dans la soie, fermant leur porte par peur de la "'nuit".

Le mur est une nuit, séparant la lumière de deux jours. Nous fermons nos portes pour ne pas l'inviter en nous ; et nous oublions de rouvrir les volets quand renaît le soleil. La création est un volet rouvert.
La folie est un rai de soleil.

vendredi, septembre 03, 2010

Victoire

Victoire, parce que je viens de déjouer les méandres tortueux et la bêtise binaire des ordinateurs. Eh le con, il voulait me refuser l'entrée sur MON blog sous prétecte que gna gna gna, "j'ai pas le bon compte mail, il faut avoir un mail Google". Non, mais et quoi encore ? J'écrivais déjà sur ce blog avant que ta mère sache pisser debout, pauvre circuit imprimé branlant.
Oui, voilà ! n'allez pas croire que je criais victoire devant le spectacle - pathétique ? - endormant de France-Biélorussie ; on est encore loin du but.
Oui, je regarde encore les matches de l'équipe de France. Ai-je tort ? Est-ce une façon de combler le vide d'un vendredi soir à Lons le Saunier ? Non, parce que je suis très bien où je suis, et paf, et surtout je sais mettre les choses à leur place. J'aime le foot, ce n'est QUE du foot, et je ne vais pas boycotter des matches internationaux, sous la fallacieuse raison que des sportifs (remettons les choses à leur place) ne sont pas allés s'entraîner une fois dans leur vie. Pour un pays aussi fier de sa Révolution, de mai 68 et du droit de grève, je nous trouve bien prompts à juger des gars qui n'ont fait qu'utiliser leur droit de s'exprimer. ça se sent qu'on est à droite, ces temps-ci ...

mercredi, février 10, 2010

Cahiers d'Oxford (suite et fin... ouf)

Voilà, dernière semaine, derniers jours, et dernière heure de cours en anglais qui vient de passer. L'heure de tirer un bilan est donc arrivé : en fait, je trouve cette expression assez amusante et inconvenue.
C'est vrai : ça veut dire quoi, "tirer" un bilan ? Autant "tirer" à la chasse, je peux comprendre. Tirer les cartes aussi. tirer par les cheveux, c'est globalement ce que je fais tous les jours avec mes blagues. Mais tirer un bilan ?
C'est comme cette expression débile : "dresser" la table. Quoi, on va lui apprendre à faire le beau et sauter dans un cerceau en feu ?
Ou encore "porter" plainte ? Ouais, les gars, je veux bien, mais si Plainte est trop lourd, faudra que je le pose un moment ou à un autre. Ben tiens, je le poserai au même endroit que RTT.
Y'a aussi "dévoiler" ses plans, parce qu'en fait, le plan est de religion musulmane donc il porte un voile pour cacher sa sale face (c'est jamais très joli, un plan).
Enfin, j'en aurais plein d'autres. Si d'ailleurs vous voulez vous amuser à chercher, n'hésitez pas à me poster vos trouvailles en commentaires. Car c'est ça aussi, ce blog : la liberté de parole...

vendredi, février 05, 2010

Cahiers d'Oxford (...)

20e jour, Vendredi 5 février :

On y est, finally ! le dernier vendredi de cours, puisque le prochain vendredi sera entièrement consacré à l’entraînement de l’équipe pédagogique. Les derniers jours commencent à s’envoler. J’ai par exemple une heure de cours à faire avec une classe, en sachant que je ne les reverrai pas en cours. Excitant et sans pression, tout ce que j’aime.

Lundi sera le début de la dernière semaine. Dernier lundi, dernier mardi… comme un calendrier qu’on effeuille mois par mois. Et puis hop ! fin de l’aventure U.K. I did it, et rien que pour ça, j’ai de quoi être fier. Il y a encore quelques années, j’aurais trouvé les meilleures excuses pour ne pas faire ce stage : problèmes d’argent, manque de motivation, tracasseries de papier et bla et bla.. Tout est bon dans ces cas-là pour former un obstacle infranchissable et rester dans son petit quotidien pépère. Mais passer à côté de ce genre d’expériences, c’est vraiment nul. Parce qu’on a rarement de nouvelles opportunités comme celles-ci.

Alors, bien sûr, un stage de ce poids va avec son lot d’inconvénients, de petits détails énervants, mais dans l’ensemble, on en sort pas mal changé et satisfait. Aujourd’hui, je parle et comprends l’anglais bien plus facilement que quand je suis arrivé. Je ne pense pas avoir beaucoup progressé, un mois ce n’est pas assez, mais le changement est notable. Dans la vie de tous les jours, des trucs aussi simples que faire de l’essence ou aller au restaurant ne sont plus des épreuves. « kesk’il a dit ? « , « Il me veut quoi, le pompiste ? ». Et puis, surtout, fini de bien articuler tout ce qu’on dit. Maintenant, je MARMONNE en anglais.

Le matin, c’est génial : au lieu de dire « Good morning, how are you ? », c’est « Hi, morning ! you ok ?” Trop la classe !!!! Et va z-y que je te mette des “yeah” dans mes réponses ou des “sure”. C’est ça le voyage linguistique : raccourcir et marmonner. Sortir des bouquins et des règles pour vivre la langue. La pratique, c’est fantastique !

jeudi, février 04, 2010

Cahiers d'Oxford (commence à être lassant...)

18e jour, mercredi 3 février :

La journée s’est bien mieux passée que ce que je craignais. Les gamins ingérables se sont révélés relativement gérables et on a réussi à faire ce qu’on voulait pendant l’heure. Une satisfaction perso d’avoir passé le test. En anglais, mar plij !

Je réalise à présent que la moitié du séjour est déjà derrière moi, à y regarder de plus près carrément les 2/3. Ce n’est pas encore le temps des bilans mais un mot : je suis heureux d’avoir franchi le pas et d’y être, et conscient de cette chance qui nous a été offerte. Quand viendra l’heure du départ, je pense que je serai partagé : entre le plaisir de revenir au pays et de revoir tous ceux qui comptent ; et la tristesse de laisser tout ça derrière, cette petite vie parallèle qu’on construit. Un autre pays, une autre langue, un moment à part dont le souvenir restera longtemps vivace, je pense.

Je me fais vieux, à écrire ce genre d’âneries : on dirait du Danielle Steel ou le best of d’Arlequin. Je me trouve meilleur à parler de cul, pas de doute possible. Mais la touche poésie-mélancolie-réflexion, c’est un plus indéniable, surtout auprès de la gent féminine. Sortez-leur la phrase « j’ai mes failles, mes blessures », et là paf ! elles craquent. Un homme sensible ! quelqu’un qui pourrait me protéger mais qui me comprendrait aussi, une âme-sœur, bla bla bla…

Ah les connes ! moi, j’ai les cheveux crasseux, j’écoute du métal néo-nazi, je me gratte les couilles à table, je lave pas quand je fous de la bière par terre, je mets des « putain » dans toute mes phrases, je suis infidèle, je rote et je pète quand m’en prend l’envie ; mais perso, je trouve que j’ai trop la classe.

Les gonzesses, ça me connaît, et elles me connaissent bien aussi ! Il suffit d’un petit clin d’œil et d’une phrase bien placée, genre : « t’as les cheveux d’une reine » ou « même dans le noir, t’es belle ! » et hop ! l’affaire est dans le sac, le polichinel est dans le tiroir. Les zouzes ? Plus de secret, je vous dis !! Un conseil : jamais consommer le premier soir. Là tu passes pour le mec qui pense qu’au sexe. Non, attends le 2e rencard, elle pensera même que c’est elle qu’a pris l’initiative. Et le 3e soir, tu décommandes et tu la rends cocue… Ah ah, les bonnes poires !

Elles me font bien marrer avec leur idéal du prince charmant. Hé, les filles ! faut pas croire : le prince charmant, il est comme tout le monde. Il regarde la Ligue 1 sur Canal suivi du porno du samedi soir, il passe ses week-end à se beurrer la frange avec ses potes au bar et, le matin au réveil, il refoule du goulot. Alors, un conseil : arrêtez de chercher l’homme de vos rêves, quand vous avez des types comme nous à côté. Alors, mesdames, on dit pas merci ?

N.B. L’auteur de ce blog ne cautionne en aucun cas les écrits publiés par cette personne.

mercredi, février 03, 2010

Cahiers d'Oxford (et bla et bla)

17e jour, mardi 2 février :

Chaque jour, je m’affaiblis un peu plus. Je ne sais pas si j’aurai encore longtemps assez de force pour écrire. Je déglutis à peine, tant la douleur est intense. Elle m’englobe, me vide, me bouffe morceau par morceau. Et l’odeur dans ma chambre devient insupportable, même pour moi. Les jours ne sont plus que des voies sans issue dans lesquelles je m’engage à fond pour mieux m’y briser.

Je ne sais vraiment pas pourquoi je vous raconte tout ça. Je ne suis ni malade, ni désespéré, je suis même pas dans ma chambre, puisque je tape ce journal de la salle des profs du collège. Tentative avortée, donc, de créer un minimum de suspense et de tension dans ce carnet de bord ; je fais ça pour vous, lecteurs, mais ne me remerciez pas. Vues les réactions enthousiastes à la lecture de ce passage (j’en ai carrément vu un bailler au fond), je ne réitererai plus ce type d’expérience. Tant pis : pour vous, pour moi et pour le monde de l’art et de la grande littérature.

Aujourd’hui, niveau stage, c’est plutôt morne plaine : une seule heure d’observation, le reste de la matinée à glander sur le Net. Cela valait-il vraiment le coup de me lever dès poltron-minet ? Je ne sais pas. Je reprendrais ainsi à ma manière un standard de Dalida : « Laissez-moi pioncer » !! + un petit « bordel de merde », procédure d’insistance stylistique pas piquée des vers.

C’est remarquable : pas dans le sens « wouhahou, c’est super » mais « on peut le remarquer ». C’est remarquable donc (ne m’obligez pas à me répéter, c’est lassant !) : je n’ai absolument rien à raconter. Heureusement que Stephen King ne s’est pas dit la même chose quand il a commencé les Tommyknockers, il n’aurait jamais terminé. Et paf ! la claque. Je te l’ai cassé, le bonhomme, quelque chose de mignon. Il la ramènera moins, le maître de l’horreur.

La vie, c’est comme une part de pizza : j’en reprendrais bien une deuxième. Alors, on met tout de suite les choses au point : ok, c’est pas du Baudelaire ; à vrai dire, ça n’atteint même pas le niveau d’une chanson d’Alliage, mais que diantre ! en voilà une phrase qui a de la gueule. En deux secondes, on aborde danger de la mal-bouffe et de la surconsommation, mondialisation des goûts culinaires, rôle de l’immigration italienne dans la société française, peur de la mort et réincarnation. Et si je ne crois pas y déceler aussi une charge contre l’avortement, je ne m’appelle plus Baloo, l’homme qui tombe partout.

« Buvez, ceci est mon sang !
Mangez, ceci est mon corps !
Sucez, ceci est une glace à l’eau !
Touche pas, ça c’est mon cul ! »

Dylan Walsh, Beverly Hills ou les douze passions de Jésus, 2010

mardi, février 02, 2010

Cahiers d'Oxford (ter)

13e jour, vendredi 29 janvier :

A quelques heures du week-end, une première réflexion s’impose : que cette semaine est vite passée ! Et tant mieux, parfois. Faute surtout à une bande de blaireaux, pardon des élèves visiblement en échec scolaire et social, une classe de 5e passablement fatigante et qu’on doit se coltiner pour des cours en anglais. J’aurais sincèrement préféré me lancer dans ce grand bain face à un auditoire un peu plus… compréhensif et attentif.

On avale, on ne dit rien et on sourit en disant que ça ne durera que (procédure d’insistance par l’utilisation du gras) trois heures. Qu’est-ce que c’est, trois heures dans une vie qui en compte des millions ? Eh bien réponse : trois heures grave pourries. Je les imagine déjà, avec leurs sourires benêts et fouteurs de gueule sur leurs visages bovins à crier « Hey Kev, Kev » parce que la prof a eu le malheur de nous présenter par nos prénoms et que ces glandus n’ont rien de mieux à faire que de se payer nos tronches.

Certains me diront : « à quoi tu t’attendais en devenant prof ? A ce que les élèves te jettent des fleurs sur ton passage et baisent religieusement tes chaussures ? Que des lumières angéliques sortent de leurs yeux chaque fois que tu prononces un mot ? » Pour être franc, oui !
Est-ce mettre la barre trop haut ?

Bref, demain week-end : avant, je dois tout de même assurer une heure de cours avec une classe de 6e, de la géo en français. Une expérience intéressante, je pense ! Comme tout ne se déroule pas dans le meilleur des mondes, l’un des élèves au comportement un tant soit peu « agité » devrait avoir une assistante pour le surveiller mais n’en a pas. Je sue déjà…

Alors, que reste-t-il à faire ce week-end pour décompresser, oublier un peu l’école et les gamins ? Dormir, bien. Rien foutre, excellent. Visiter des jolis coins, super. Dormir, très bien. Je l’ai déjà dit ? Ah…

dimanche, janvier 31, 2010

Cahiers d'Oxford (bis)

9e jour : lundi 25 janvier

What’s up, guys ? Haven’t talked to you for a while ! Là, je me la pète grave, genre je suis devenu bilingue en une semaine.
On est loin de ce résultat, mais l’amélioration est néanmoins palpable : l’accent peut-être, le vocabulaire et la rapidité d’élocution sûrement, l’écoute sans aucun doute. A peine si je comprenais le baragouinage des radios en arrivant, aujourd’hui je peux comprendre ce qu’ils disent en n’écoutant que d’une oreille.
C’est dans ces moments, où l’on est totalement surrounded par la langue anglaise, que je me dis que cela va beaucoup me manquer quand je rentrerai en France.
Mais basta, que s’est-il passé cette semaine ? Découverte d’un système scolaire totalement différent du nôtre. L’élève est au centre de tout, l’enfant devrai-je dire, et le but principal de l’école est son achievement personnel et son plaisir en cours. Rien qu’à voir dans le programme de l’école, on peut lire la phrase : « Make them laugh » (sic). On les traiterait d’irresponsables à l’IUFM. Cela ne fiterait pas du tout avec la compétence n°1.
Les activités sont plus concrètes, l’élève est mis à contribution, valorisé, jamais rabaissé, poussé à réfléchir par lui-même (notamment en histoire) et à produire du savoir, sans simplement l’avaler tout cru.
Évidemment, le système a ses faiblesses, surtout au niveau de la discipline. Jeudi, jamais vu une classe aussi bordélique, avec des gamins qui se sautent dessus, qui s’assoient sur les tables et n’écoutent que dalle aux consignes de la prof. Bonne nouvelle, c’est à cette classe qu’on devra faire cours, et de géo en plus.
Ce week-end, Fanny est venue me rejoindre. J’en ai profité au maximum, sachant que je n’allais pas la revoir a vant trois semaines au moins. On a visité Oxford ensemble, et cette ville qui m’avait semblé si fade a tout de suite pris une couleur différente, et y a gagné une âme. Il suffit parfois de la bonne compagnie pour voir les choses sous un angle différent.

vendredi, janvier 29, 2010

Cahiers d'Oxford (suite)

2e jour, lundi 18 janvier :

Énervé toute, je suis. Réminiscence syntaxique d’une Bretagne qui m’a beaucoup manquée ce matin. Je suis colère, dirait Poelvoorde. Il faut dire qu’il y a de quoi : réunion de mise au point à 9h avec notre coordinatrice UK, Miss Davies. Une femme charmante et helpful, soit dit en passant. Mais les nouvelles me laissent plutôt un goût amer dans la bouche : pas de CRB pour bibi (il arrivera en retard dans la matinée) ; j’apprends que ceux de Loire-Atlantique (4 autres gusses de l’académie de Nantes qui partagent notre lot d’exilés volontaires) ne paient pas de loyer du campus en vertu d’un accord d’échanges estudiantins entre Loire et Oxford ; on apprend que l’école commence à 8h30 et que les petits-déj du campus, compris dans le tarif, commencent à la même heure. Bref, tout pour me plaire…

Généralement, les débuts de séjour sont toujours un peu merdiques : le temps de s’habituer aux décalages culturels, à notre nouveau domicile, à la langue, et aux tracasseries administratives en tout genre. C’est tout moi, aussi : rester fixé sur des petits détails agaçants, au lieu de prendre du recul pour profiter au maximum de la situation : je suis en Angleterre, merde ! J’en ai rêvé depuis des années, je vais pas laisser des conneries me gâcher mon plaisir. Surtout des trucs d’argent : je suis pas radin, mais je ne veux pas non plus lancer mon fric par toutes les porte-fenêtres, si vous me comprenez.

RDV avec notre mentor au collège Chenderit, à Banbury, 14h15. Comptez une bonne demi-heure de route pour y aller. Le budget essence, encore une autre légère tracasserie ! Mais la vue de l’école et la discussion avec Miss Woodfield me rassure et me met dans de bien meilleures conditions pour le reste de la journée. Charmante, accueillante, motivée et motivante : le programme d’observation pour la semaine s’annonce chargé mais ce que nous allons voir vaut sûrement la peine et peut, je l’espère, influencer à terme nos façons de faire nos cours au pays.

A partir de cet instant, tout semble déjà mieux rouler : tout comme moi sur la highway à trois voies. Conduire à gauche et doubler, peuh : fastoche. Je vais leur apprendre à conduire, aux rosbeefs. D’ailleurs, en parlant de conduite, je suis passé devant le site du Grand Prix F1 de Silverstone, de quoi faire saliver 2-3 copains-copains au pays. Retour au campus à 16h : un tour à la Library, histoire de zyeuter les bouquins, de lire un peu les journaux. Et il est déjà temps de manger : car ici, le repas du soir – lunch – n’est servi que jusqu’à 18h. Mon estomac va devoir s’habituer, mais le repas fut copieux et passablement bon, voire carrément bon. Au menu : salade de ma composition en entrée ; poulet/chorizo avec riz ; tarte meringue-citron et banane en dessert + cappucino. Le 1er vrai repas que je prends de l’autre côté de la Manche, ça vous requinque un homme.

Demain, les choses sérieuses commencent. Lever à 6h30 pour prendre la route, RDV à 8h au collège et 1re journée d’observation. Il va falloir se coucher tôt pour être en forme : une chose en plus à rajouter dans le « décalage culturel ».
P.S. : au retour de Banbury, le ciel était vraiment superbe et la lumière créait une atmosphère dorée et mystérieuse au-dessus des champs et des marais. Pas de doute : je suis bien au pays de Tolkien.

jeudi, janvier 28, 2010

Mes cahiers d’Oxford : journal de bord

1er jour, dimanche 17 janvier :

Le soleil se lève tranquillement sur la Manche. Moi, je suis coincé dans mon siège minable, encore engourdi d’une nuit passée à même la moquette d’un « salon » de Britanny Ferries. Par salon, comprenez plusieurs rangées de fauteils semi-inclinables, séparés du reste du bateau par une simple cloison, où nous sommes censés passer la nuit. Et dormir, je pense… D’un autre côté, je me demande sur qui ils ont bien pu tester les positions de ces sièges pour qu’ils osent les juger assez confortables.

Le soleil se lève, donc. C’est beau, intemporel, irréel presque ; et j’ai hyper mal au cou. Cette connerie de moquette, aussi… ! J’ai pourtant pensé à amener mon oreiller avec moi pendant le voyage, mais de là à me le trimballer tout le long de la traversée dans mes bras, faut pas me prendre pour une courge.

C’est la 1re fois de ma vie que je vais aussi loin en mer. Et c’est aussi la 1re fois de ma vie que je débarque en Angleterre. Je ne peux cacher qu’une certaine émotion m’enserre la poitrine, à l’instant où je zyeute par le hublot les falaises encore brumeusement lointaines de la perfide Albion. Depuis le temps que je rêvais d’y aller, voilà. Il m’aura simplement suffi d’un oral-test de 20 minutes en anglais, de cocasseries administratives en tout genre et d’une bonne dose de ténacité pour y arriver. A la portée du premier gus venu, pour résumer l’idée.

Débarquement, sortie de la Titine et premier choc : conduire à gauche. Plus simple que ça n’y paraît. Pas d’accident à déplorer pour le moment, en tout cas (au bout d’un jour, peut-on parler d’une constante ?). Je suis accompagné pendant ce mois en Angleterre par 4 collègues : une historienne-géographe de ma connaissance, 2 matheux et un prof de physique-chimie. Une bonne troupe, ma foi. Ils sont très sympathiques et heureux de faire partie de l’aventure. On aura largement le temps de mieux se connaître pendant ces 4 semaines.

Arrivée à Oxford, Harcourt Hill Campus. Le campus anglais dans toute sa splendeur. Comme vue des chambres, plusieurs terrains de foot et de rugby entourés de forêts et de champs. Des écureuils qui sautillent dans les jardins, pas plus étonnés de voir débarquer une armada de 5 jeunes Français un beau dimanche midi. Et quand je dis beau, ce n’est pas qu’une figure de style, usée jusqu’à la corde depuis la première fois qu’on l’a utilisée. Non, sans rire, les gars, il fait BEAU ! Un soleil éblouissant à défaut de réchauffer, mais un soleil, un vrai. Brest-Saint Malo : 2 heures et demi de flotte. Portsmouth, UK : sunshine above our heads. Un complot ? Une mauvaise presse ? Du foutage de gueule ? Profitons-en, jusqu’à peu, le sud anglais croulait sous des centimètres de neige, dont quelques traces informes ou vaguement bonhommesques s’accrochent encore le long des routes.

Remise des clés par un gentil réceptionniste qui, si on avait eu la polio, n’aurait je pense pas parlé plus lentement. Je lui ai dit qu’on était Français, le raccourci avec « bande de cons » a dû se faire assez rapidement dans sa tête. Oh ! la bonne surprise : loin d’être le cousin anglais de nos minables et honteuses cités U, qui n’ont pas à jalouser l’état de certaines prisons françaises, ces chambres s’avèrent bien mignonnes. La mienne est au rez-de-chaussée, à gauche en entrant. Vue sur le jardin devant la House 3. Un étage, une cuisine équipée, 2 chiottes, un bain-douche, que demande le peuple ? Cette maison me fait plus penser au premier abord à une colloc qu’à un couloir de chambres universitaires. Bien plus vivable que ce que j’avais craint.

Visite d’Oxford, dans l’après-midi : j’ai faim, je suis crevé, je suis donc… (indice chez vous, téléspectateurs), je suis, je suis… Râleur !!
Ah ouais, ah bravo ah ouais ah ouais. Que voulez-vous ? J’ai mûri sur de nombreux points, je pense être devenu une personne largement plus fréquentable qu’avant, mais j’ai mes talons d’Achille : en l’occurrence, le sommeil et la bouffe.
Hormis ces quelques désagréments, une ville bien sympathique de prime abord, hormis les places de parking plutôt rares. Des bâtiments historiques ou/et scellés du sceau du temps, le regard ne sait pas vraiment où se poser, tellement enivré par ces nouvelles richesses visuelles. Et pourtant, dans un sens, une impression de déjà-vu, ces mêmes magasins en enfilade, cette foule homogène dont aucune âme ne sort. Une ville d’Europe du Nord, en somme ! A fouiller, néanmoins. Oxford peut révéler son lot de surprises et de jolis petits coins, et nous avons un mois pour les découvrir.

Ce soir, bouffe à l’arrache mais petite soirée sympa et décontract. Et surtout, Very Bad Trip expérience. See you tomorrow…

dimanche, janvier 03, 2010

Petite pensée II

Alors que je me promenais nonchalamment sur une plage bénodetiste en compagnie d'une personne pulpeuse à la couleur de cheveux indéterminée (mais en cours d'analyse au laboratoire Plutron du Docteur Minus-Toulemont-Dessant), la susnommée me demande : "qu'y a-t-il derrière ce gros rocher ?". Et moi de lui répondre : "le gros rocher, mais vu de l'autre côté".
D'où cette pensée qui effleura mon esprit extatique en ce surlendemain de réveillon (bien arrosé et bien passé, pour une fois) : "il faut toujours aller voir de l'autre côté du gros rocher".
Explication pour les mous du slibard qui ne pigent que quand on leur a tout prémâché et vomi dans leur assiette : la tolérance et le respect de la différence ne peuvent s'épanouir que dans la pluralité des points de vue et le goût de savoir ce qu'on ne sait pas. Non à l'unilatéralité, à la pensée unique et aux phrases toutes faites comme : "autant aller là, je connais !"
2010 sera l'année de la découverte et du changement ou ne sera pas. Prochaine étape probable : RDV en Angleterre !